Ce dieu qui est mort
Mais pour mourir il faut d'abord naître.
Plutôt que de continuer à assumer l'Image exigeante et la Ressemblance de son Créateur, l'Homme s'est fabriqué un dieu sur mesure crée pour ses besoins, un dieu qu'il a mis à son service, au service du plus fort au détriment du faible.
En somme un dieu crée à son image qui marcherait docilement en tête de ses armées, qu'il enrôlerait de force dans son camps....
Ce dieu engendré par une humanité déspiritualisée, ce dieu de fabrique estampillé d'une origine contrôlée, ne pouvait que mourir.
Un certain dieu et un certain homme sont donc morts ensemble. Une mort annoncée par les cris de douleur de toutes les victimes de ce siècle.
Sur les cendres de tant d'innocents sacrifiés, il nous a été difficile de remodeler nos certitudes humanistes.
Car, cet homme civilisé, cultivé, amateur de belles choses, raffiné qui a mis son génie dans l'art de la persécution, a t-il encore quelques espoirs de se forger un jour une belle âme, s'il ne change pas ?
Nous ne compterons pas les victimes une fois de plus. Elles sont trop nombreuses et la liste n'est pas close. Elles continuent de mourir partout dans le monde. La mêlée est parfois tellement violente et inattendue qu'on ne sait plus départager les victimes et les coupables. Eux-mêmes savent-ils toujours où ils en sont, tant parfois les uns et les autres se donnent le tour.
Horrifié de lui-même, le monde entier a crié « Dieu est mort ». C'est de la mort de celui-là dont parle Nietzsche.
Le coupable idéal, Celui qui a laissé faire le massacre.
Dieu responsable ! Comment a t-il pu laisser faire cela?
Nous ne ferons pas un geste pour sauver ce dieu et cet homme, caricature de l'Homme et de Dieu , ce pauvre dieu moribond complice de tous les mauvais coups dont l'homme s'est rendu responsable.
Mais n'est-il pas temps de reparler de Celui dont l'amour est à jamais conditionné à notre liberté. Celui qui ne se reconnaît plus dans sa Créature, sa Ressemblance. Celui qui aime vraiment les Hommes et auxquels les meilleurs d'entre nous sont demeurés fidèles, même au cœur des tourmentes, sauvant ainsi l'honneur de notre humanité.
Pouvons nous continuer encore longtemps à nous dénaturer ainsi.
Pouvons nous vivre en niant notre Ressemblance au divin quel qu'il soit, sans prendre le risque du néant à plus ou moins long terme ?