A propos du visage de l'autre : réflexions personnelles
Pour compléter, ces articles sur le visage de l'autre, pardonnez-moi de vous livrer quelques lignes un peu plus personnelles.
J'ai hésité à le faire, mais après tout, d'autres ont peut-être éprouvé ces choses qui sortent parfois de nos tripes.
Comme je les ai mal aimé tous ces êtres qui ont traversé ou tout simplement croisé ma vie.
Tous ces êtres qui m'ont révélé à moi-même.
Tous ceux qui m'ont donné une existence, qui m'ont révélé par leur regard..
Car c'est cela le mystère de Dieu, nous sommes engendrés par des êtres qui sont d'essence divine.
Et nous ne le savons pas.
Nous ne savons pas que Dieu existe dans chaque regard que nous avons croisés et aussi dans chaque regard que nous avons rendus.
Si nous savions notre destin si particulier, nous aurions sans doute été plus attentif à chacune de nos rencontres.
Ma vie a été peuplée, comme le vie de tout le monde, de ces visages qui me donnaient naissance et dont je n'ai pas su profiter.
Pourquoi ai-je laisser filer la plupart d' entre eux?
Celui de mon père qui m'aimait simplement et à qui je n'ai pas rendu de sa simplicité.
Celui de mon frère parti trop vite,
ceux de mes soeurs dont je fuis le regard trop souvent, ainsi que celui de ma mère dont je sais être aimé et que j'aime si mal.
Je repense à ce regard si doux de ce prof de français en seconde, qui me croyait meilleur que je n'étais et que je ne suis.
Et plein d'autres que je n'ai croisés qu'une fois et qui sont restés gravés dans ma mémoire. Ce vieillard aperçu de l'autre coté de deux rames de métro, le violon sous le bras, perdu dans un abîme de détresse, et qui m'atteint encore depuis trente ans.
Ou cette jeune allemande entrevue au Trocadéro, trop vite remontée dans le car de tourisme qui la baladait dans Paris et dont les yeux me suivent encore à travers la vitre depuis si longtemps....
Mon premier amour que je n'ai pas quitté et qui ne m'a pas quitté.
La femme qui partage ma vie, mes filles....
Et bien d'autres évidemment qui ont donné du corps à mon corps et qui m'ont aidé à naître à mon âme.
Si nous pouvions savoir?
Mais personne ne nous apprend cela.
Personne ne nous dit que nous accouchons des autres et qu'ils accouchent de nous.
Et que Dieu est la sage-femme (Dieu au féminin pour une fois) qui nous insuffle le premier souffle de toute une vie de souffle divin