- pat
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Date d'inscription : 31/07/2007
N'être plus rien pour soi-même.
Contrairement aux orientaux, nous sommes dans une culture spirituelle qui fait de l'individu un être unique, connu et aimé de Dieu. Bien entendu comme dans toute démarche spirituelle, il s'agit de réprimer nos tendances individualistes, mais jamais notre individualité.
Devenir bon, devenir vrai, pratiquer le bien, aimer son prochain, sont des efforts personnels qui portent en eux-mêmes la marque de notre importance individuelle.
Comment accomplir de tels progrès quand on n'est plus rien pour soi-même ?
Il ne s'agit donc pas de cet anéantissement de soi comme le préconise les philosophies orientales. Cet anéantissement porte en lui sa propre contradiction.
Comment faire effort pour garder son égo à sa juste place et le surveiller si on n'est plus rien ? N'est ce pas un exercice qui réclame une grande attention à soi, au contraire.
Cela ne requiert-il pas une présence à soi douloureusement permanente?
Et pourtant la Révélation d'Arès recommande à Michel Potay de n'être plus rien pour lui-même. Mais cette injonction s'accompagne d'une autre phrase qu'il ne faut absolument pas omettre : désormais tu es mon Messager.
Il s'agit donc de n'être plus rien pour soi-même en tant que Messager. Une sorte d'ambassadeur, de porte parole qui dans le cadre d'une mission à accomplir fait abstraction de lui-même parce qu'il ne doit retransmettre que la parole qu'on lui a confiée.
Cela ne signifie donc pas que le messager doive s'anéantir. Il se met seulement en retrait pour donner au message toute son importance.
Et il en est de même pour tous ceux qui auront à retransmettre ce message à d'autre et qui ne seront que des rouages, des relais.
C'est l'intégrité du message qui est en cause.
- InvitéInvité
Re: N'être plus rien pour soi-même.
je nuancerais en disant :
qu'il se mette ou ne se mette pas en retrait, le frère prophétique est en tant que tel au service de.
C'est pour cela qu'il ne peut en même temps être à son propre service : ce qui l'oriente ne lui est pas propre, et il le sait.
Mais je peux n'être plus rien pour moi-même dans le plein épanouissement de mon individualité, si cet épanouissement transcende "mon" individualité, pour laisser manifester le Verbe qui nous Unit.
éric souldigg avait résumé cela (sur AE) ainsi (de mémoire) :
je m'efface (et)
- JE surgis.
- InvitéInvité
Re: N'être plus rien pour soi-même.
Pareillement je pense pour l'art des soufis, que je vois comme une variante active ou dynamique, dont les danses se situent dans des actions très codifiées, cosmographiques dit-on, et si précises, et "tant apprises", que "le rituel" et la ritournelle s'intègrent à eux-mêmes sans qu'ils n'aient besoin de s'en soucier, et qu'ils s'en trouvent libérés. Abandon du temps, abandon à l'espace pour plus de présence à soi-même.
Loin de ces pratiques que l'impétrant relie aux cordes célestes (quoique, dans le cas du bouddhisme, il ne soit jamais fait référence à une quelconque Entité Créatrice "Paternelle"), plus prés de nous, d'autres pratiques plus "laïques" s'y apparentent.
J'ai, le bonheur, d'avoir ma plus jeune fille qui pratique la danse classique depuis une quinzaine d'années, et qui nous gratifie de façon éphémère, chaque année, des acquis de cet Art, ce qui m'a permis d'en observer l'évolution. C'est aujourd'hui, passé les apprentissages, abandon au tournoiement de la chorégraphie, à la partition poétique. Dès le premier pas sur la scène, elle s'élance, légère, aérienne, toute entière à la circonstance, dans l'absence tout en étant si paradoxalement si présente. Grâce.
Plus sommairement, chaque discipline dite sportive, dans l'engouement ludique qu'elle suscite, apporte ce bénéfice de la passion, ... de se sentir tout entier dans l'espace, abandonné à la "Règle", presque ... "hors du temps" dès lors qu'on s'y abandonne.
Le théâtre n'est guère différent, invitant à se dépouiller de son identité pour en endosser une autre.
On peut tirer néanmoins parti de toutes expériences, de chaque expérience, d'autant plus que l'envie aurait germé au fond de nous-mêmes pour nous éduquer.
Je tiens cependant pour "erronées" ces interprétations et manières de faire (ou de non-faire) "en matière de vie spirituelle" , non pas qu'elles ne vaudraient rien, ni la peine d'être essayées, ni qu'elles n'apporteraient les bénéfices de ces savoir-faire, ni la peine d'être vécues si elles nous attirent, ... mais s'il faut faire référence à l'enfant, ainsi que nous l'indique l'évangile d'être comme eux, vous ne trouverez jamais pareil comportement chez tous ces gens-là, car les enfants "s'abandonnent" entièrement à l'espace et à la situation qu'ils vivent, sans à priori, ni crainte, sans scénario écrit d'avance.
Cela pourrait paraître un détail, mais il me semble avoir toute son importance, et même toute l'importance.
J'ai l'impression d'avoir lu "comme l'expression de ce que je cherchais à illustrer" dans un commentaire de "Bdlf" sur un forum qui pour certains nous est familier, et qui exprime à mon idée que la technique, doit comme l'outil s'adapter au matériau qu'il travaille, au contexte, aux circonstances, "à l'autre" rencontré, invité ... , que le savoir(-faire) n'est pas tout ! qu'on ne peut ôter cette part d'inconnu, d'improvisation ... qui est sûrement de l'ordre de "Sa Part" à mon idée, qui nous invite à la co-création fraternelle, Qui est Part du ciment fraternel. Bref, de se livrer tout entier à l'inconnu, de laisser derrière nous idées préconçues, nos plans tirés sur la comète, de n'être plus rien pour soi-même,... "abandonné tout entier à la circonstance, à l'instant, sans préjugés de l'autre ou de ce qui pourrait arriver", ... avec pour seul outil, l'enseignement prophétique, La Parole, l'intelligence du cœur, tout comme le marin ne dispose que de sa boussole et de son compas, ou le maçon, que de l'équerre et du fil à plomb, et de l'amour du métier.
Bdlf a écrit:
S'il est vrai qu'il faut garder toujours à présent à l'esprit l"enseignement prophétique, il est vrai aussi qu'on ne sait pas toujours comment s'en servir et que dans la résolution d'un problème rien n'est plus terrible que de fermer la pensée à coup de citations prophétique. Oui on a le devoir de garder la pensée toujours ouverte.
Je réfléchis en ce moment à ce problème car j'ai été confronté deux fois en mission à ce que j'assimile à de l'obscurantisme religieux qui se caractérise justement par cette fermeture de la pensée à un moment donné. J'ai rencontré un musulman dont le cœur et le cerveau reconnaissait qu'il ne voyait pas pourquoi Dieu ne reparlerait pas aux hommes quand on voyait l'état du monde mais au même moment où il a eu cette pensée il a eu un terrible réflexe de peur et il m'a dit quelque chose comme il avait peur que cette pensée ne lui soit jamais pardonné et il était terrorisé (vraiment) parce qu'on lui avait appris que Mahomet était le dernier des prophètes.
Je crois que dans notre rôle de suiveur du prophète il y a deux aspects qui s'entremêlent et que si on en oublie un, on risque cette fermeture et blocage cérébral.
L'aspect incontournable c'est qu'on doit travailler sur le monde et l'aimer, le comprendre dans son existence qui évolue , cela l'enseignement prophétique ne peut pas y répondre , l'enseignement prophétique devenant une sorte de levain qu'on met alors dans notre réflexion sur le monde sur ce qu'on doit lui transmettre pour qu'il évolue là où il en est. Je vois ma fidélité à l'enseignement prophétique dans le fait que ce que je dois produire alors comme vie, document, doit être tout a fait compatible avec l'enseignement prophétique , mais comme il y a l'élément du monde toujours nouveau en quelque sorte, et ma personnalité originale aussi, cela devient un peu comme une répétition du même enseignement avec une forme nouvelle. Je trouve là mon rôle autonome de frère qui ne peut pas se remplacer parce que les êtres que j'ai en face de moi ne sont pas ceux qu'un autre à en face de lui et les problèmes du monde que j'affronte ont leur originalité.
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