- pat
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Date d'inscription : 31/07/2007
Mai 11-Fête des Mères
Sans doute et je suis bien placé pour le savoir.
La journée d'hier a été bien remplie. Il a fallu servir tous mes clients en roses Pierre de Ronsard pour la fête des Mères. Combien de fêtes des Mères passées dans l'angoisse de satisfaire tout le monde, dans l'angoisse d'avoir de la marchandise ce jour-là et de l'avoir belle.
Sublime Pierre de Ronsard dont la poésie se poursuit jusque dans cette rose admirable.
Je me retrouve avec la même montée d'adrénaline qu'autrefois, du temps de ma pleine activité. Vais-je écouler tout ce qui est dans ma chambre froide et que j'ai cueilli avec soin quelques jours auparavant ? Toujours un peu contrarié de voir partir ces bouquets colorés, magnifiques, mais aussi conscient d'un gagne pain nécessaire.
Et tout à coup, les commandes affluent, la chambre froide se vide petit à petit. La luxuriance des fleurs laisse des vases vides et de l'eau croupissante ou ne surnage que quelques feuilles qui flottent désolées.
Les clients font des compliments sur la qualité des fleurs, sur leur beauté informelle. C'est ainsi tous les ans quand commencent la floraison de cette rose, en serre début mai.
J'ai toujours été scrupuleux sur la fraîcheur, sur le calibrage et la qualité, aussi mes clients ont-ils pour moi comme une sorte de reconnaissance ou se mêle beaucoup de gentillesse. Jamais une engueulade, jamais une suspicion.
J'ai aimé cette façon de travailler, j'ai aimé être reconnu dans ce que je faisais avec toute la modestie qui convient pour une activité très concentrée.
Aujourd'hui, ou je vis encore un peu cela, je me plais dans cette inquiétude du producteur qui ne sait pas trop si son produit va se vendre, qui voit les stocks s'accumuler. J'aime aussi quand au final je vois mes roses partir chez le fleuriste et penser qu'une personne va les contempler pendant quelques jours. Il y a comme une chaîne entre moi et celui qui dira une fois en regardant son vase : « comme c'est beau ! »
Vanité d'être encore dans le coup, vanité d'un savoir faire reconnu. Faut-il être maître de soi pour mépriser tout cela, pour ne pas en tirer quelques jouissances, quelques joies venues égayer la grisaille des jours plus ternes.
Pour tous ceux et toutes celles qui n'auront pas la joie de dire "comme c'est beau", j'offre ces quelques roses.....