chronique ; Fraternité, liberté, égalité
Fraternité,
Liberté,
Egalité
Il n'y aura pas, à brève échéance de vie en commun possible, sans fraternité. Cette fraternité conditionnera de plus en plus notre vie en commun.
Mais est-il possible d'introduire la fraternité dans un monde contraint ? La fraternité n'exige t-elle pas le préalable de la liberté ?
En effet, le plus bel humanisme de façade, et le désir sincère de fraternité ne feront pas l'économie de la seule voie efficace pour y parvenir, à savoir l'abandon total de toute forme de pouvoir sur autrui. Une seule question à mes yeux prime sur toutes les autres :
ai-je vraiment renoncé à être le chef de quelqu'un?
La réponse à cette seule question conditionne toutes les autres.
La seule valeur qu'on peut élever au niveau de l'universel est de n'être ni le maitre ni l'esclave d'un autre. Il semble que la manière dont nous vivons, notre comportement, l'ensemble de nos mœurs prennent leur source dans la gestion de ce rapport à l'autre.
Autrement dit, sans liberté il est vain de parler de fraternité.
Il sera donc de plus en plus difficile de parler de fraternité dans nos sociétés fortement hiérarchisées, élitistes où l'obligation et la contrainte sont de règle.
Peut-être finirons nous par comprendre que seules des sociétés composées de personne en auto-gestion où chacun est responsable de ses actes et acteur à la fois de sa propre vie mais aussi de la vie de la communauté toute entière, peuvent produire de la liberté et donc de la fraternité.
La vie spirituelle n'est pas d'abord la réponse à un questionnement religieux, mais à une question de société :
sommes nous décidés à vivre ensemble fraternellement?
Et comme il n'y a pas de fraternité possible dans la dépendance et l'obéissance, nous devrons inventer des sociétés libres.
L'égalité qui est une fabrication sociale pourrait alors être une conséquence heureuse de la liberté et de la fraternité.
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Re: chronique ; Fraternité, liberté, égalité
Il sera donc de plus en plus difficile de parler de fraternité dans nos sociétés fortement hiérarchisées, élitistes où l'obligation et la contrainte sont de règle.
Il ne me semble pas impossible de concilier les deux.
Au moins quatre idées sur la question:
> d'une part "désacraliser" la hiérarchie, quand bien même ce mot fut forgé à partir du radical grec "hièros" signifiant "sacré" . Nous ne sommes plus au temps des dieux grecs, et de leurs hiérophantes. Il s'agit d'un préjugé, d'une vieille superstition, ou d'un vieux réflexe atavique du temps des monarchies, de continuer d'accroire en une autorité de l'archétype maître-esclave.
> d'autre part, pour limiter le pouvoir ou l'autorité que pourrait conférer quelque fonction, la nécessité essentielle de le diviser. Principe même qu'utilise (théoriquement) la démocratie. La hiérarchie devenant de facto limitée à la "fonction" seule et non rattachée à la personne elle-même, donc à un attribut d'autorité imaginaire d'une personne sur une autre. La hiérarchie étant une somme de "fonctions" Tout litige devant trouver une solution consensuelle paisible. Le simple respect désavouant l'idée même d'autorité et de hiérarchie au sens antique de relation dissymétrique en droit entre des personnes.
Exemple facile pour comprendre: Le chef de l’État, président de la république, ou un de ses ministres, ou un général d'armée, ou ... n'ont aucune autorité sur le citoyen. Ils ne sont pas plus "maîtres", que je ne suis leur "sujet".
> Se débarrasser des inutiles peurs de la hiérarchie, qu'elle soit politique ou ecclésiale. La fantasmatique "peur du chef" ! Si les chefs existent, c'est en partie que nous en sommes responsables, puisque nous admettons comme hypothèses qu'ils le soient.
> se réapproprier la force de son "je", ce "sum" en latin qui ne distingue pas le "je" du "suis". Premier principe de philosophie, merci René (Descartes)
L'égalité qui est une fabrication sociale pourrait alors être une conséquence heureuse de la liberté et de la fraternité.
Considérant que l'égalité est de fait, par nature, ou par ontologie comme on veut, sortir de l'idée d'une égalité à atteindre, puisqu'elle est ... le concept d'égalité ne s'appliquant pas à "l'homme" mais au droit (qui régule la vie civile, c'est à dire les actes). Lui substituer le but de "l'équité" !
La libre recherche de l'équité, conduisant à la fraternité.
Evangile d'Arès 28/10-11
Liberté, Équité, Fraternité
- InvitéInvité
Re: chronique ; Fraternité, liberté, égalité
Dans son dernier sermon, le prophète Mohamed a dit :
"Aucune personne n'est supérieure à une autre, si ce n'est en piété et en bonnes actions."
La fraternité découle naturellement du fait qu'il n'y a de dieu que Dieu
- Lâ ilâha illa-llâh - et qu'en conséquence nul être n'est digne à part Lui d'être adoré.
La soumission réelle à Dieu et à Dieu Seul est simultanément libération face à tout "pouvoir".
L'appel de l'islam aux autres spiritualités énonce clairement cette fraternité comme découlant de notre égalité devant Dieu :
"Ô gens du Livre, venez à une parole commune entre nous et vous :
que nous n'adorions qu'Allah, sans rien Lui associer, et que nous ne nous prenions point les uns les autres pour seigneurs en dehors d'Allah".
(Le Coran, sourate al-Imran, verset 64)
- InvitéInvité
Re: chronique ; Fraternité, liberté, égalité
C'est loin d'être évident comme déduction ! le déduire de la Genèse, je veux bien. mais, faut-il être croyant pour la comprendre et vivre en fraternité ? la "reconnaissance fraternelle", similitude de "l'être humain", "l'autre" ce semblable à soi-même, est le propre du fond humaniste, qui peut être affranchi de la croyance en Dieu.Amine a écrit:La fraternité découle naturellement du fait qu'il n'y a de dieu que Dieu
Je penche personnellement à penser que ce sentiment est inscrit en nous. Il émerge plus ou moins suivant les personnes, suivant leurs histoires respectives.
Le mot "frère(s)" est cité 13 fois dans l’Évangile d'Arès, et 121 fois dans Le Livre (dont 5 fois par le frère Michel en "rajout" pour préciser le texte).
C'est dire l'importance qu'il revêt ! peut-être est-ce même, le mot le plus de fois cité dans cette Parole ? (je n'ai pas vérifier)
Il est employé indifféremment avec les noms des prophètes:
Mouhamad ! ses frères
Moché, ses frères ; Yëchou, ses frères
Les frères de Mikal
"Ô gens du Livre, venez à une parole commune entre nous et vous ..."
La Parole d'Arès est (je crois) à comprendre comme cette parole commune qui ne s'est pas réalisée entre "frères", puisqu'ils n'ont su s'entendre entre eux.
- InvitéInvité
Re: chronique ; Fraternité, liberté, égalité
La déduction de notre fraternité à partir de l'Unicité divine de Dieu me semble évidente du simple point de vue logique. Elle l'est en tout cas dans mon esprit et dans ma relation à Dieu et à autrui, car elle signifie que nous ne sommes pas en droit de nous élever les uns au-dessus des autres, ni d'en élever même un seul d'entre nous : toute élévation revient à Dieu, le Très Haut, l'Unique Dieu, là hawla wa-lâ quwwata illâ billâh : Il n'y a de puissance et de force qu'en Dieu.
Lorsque j'écrivais que la fraternité découle naturellement du fait qu'il n'y a de dieu que Dieu - attestation fondamentale de l'islam -, je soulignais dans mon esprit le mot "naturellement", qui correspond peut-être à ce que tu penses, njama, en écrivant que la fraternité est un sentiment "inscrit en nous" ?
Le fait d'être croyant est très souvent un fait de culture, mais cette inscription est quant à elle naturelle et correspond du point de vue musulman à la connaissance innée ou intuitive ou instinctive de Dieu, elle-même inscrite en toute créature antérieurement à toute culture.
Quant à dire que la "parole commune" serait celle d'Arès, je ne sais pas, car celle-ci répond et correspond à une mission bien spécifique ; pour moi elle est juste ce que le Coran en dit : que nous n'adorions que Dieu, sans rien Lui associer, et que nous ne nous prenions point les uns les autres pour seigneurs en dehors de Lui.
- InvitéInvité
Re: chronique ; Fraternité, liberté, égalité
Je me suis peut-être mal exprimé. Je ne veux pas dire que la Parole d'Arès remplacerait la Thora, les Évangiles, le Coran, mais qu'elle permettra de trouver une parole commune entre "frères", pour qu'enfin, ceux qui ne s'entendent pas, s'entendent ! C'est je pense sa mission spécifique.Amine a écrit:Quant à dire que la "parole commune" serait celle d'Arès, je ne sais pas, car celle-ci répond et correspond à une mission bien spécifique ...
L'idée de Mouhamad était-elle différente ? "Ô gens du Livre, venez à une parole commune entre nous et vous ..."
Pouvait-il penser au Coran qui n'existait pas encore de son temps ? Une parole commune entre nous, ne veut pas dire "Écriture révélée", il me semble.
Aurait-il été logique qu'il détache les croyants sincères de la Thora ou des Évangiles que le Coran ne contredit pas. Les divergences viennent des interprétations.
La révélation d'Arès est claire, puisqu'elle dit:
"Sur le chancel de l’assemblée tu disposeras Ma Parole comme ils La proclament, tu n’écarteras aucun de Mes Livres" (35/12).
Sauf à n'avoir rien compris, ou compris tout de travers, elle ne crée pas une "nouvelle" religion.
- InvitéInvité
Re: chronique ; Fraternité, liberté, égalité
Tu écris njama :
L'idée de Mouhamad était-elle différente ? "Ô gens du Livre, venez à une parole commune entre nous et vous ..."
En fait il s'agit d'un extrait du Coran, sourate al-Imran, verset 64, non d'une parole du prophète.
Cette "parole commune" à laquelle appelle Dieu ici, dans le Coran donc, c'est celle-là même qui y est énoncée : ne rien associer à Dieu et ne pas nous prendre pour maîtres les uns les autres.
Cette parole se retrouve dans l'évangile :
"Ne vous faites pas appeler "Maître", car vous êtes tous frères et vous n'avez qu'un seul Maître.", Matthieu 23-12
et remonte à Abraham.
On retrouve en effet ceci dans le texte d'Arès, j'en suis très heureux, car cela permettra peut-être de réunir des juifs, des musulmans et des chrétiens sur l'essentiel, qui est que nous avons le même Dieu, et le même Message fondamental, qui est devoir de fraternité.
- InvitéInvité
Re: chronique ; Fraternité, liberté, égalité
Pour revenir au sujet, je suis bien d'accord, que l'islam a favorisé une relation sociale entre les personnes qui n'est pas "élitiste" (le mot n'est pas français, il est un peu synonyme d'aristocratique). Un sens social au moins égalitaire entre membres de la Oumma, faudrait-il dire peut-être, effectif et très sensible pour ceux qui connaissent un peu un ou des pays musulmans.
Contrairement à la religion chrétienne qui a été depuis le haut Moyen Âge (du Ve au Xe siècle) jusqu'à encore aujourd'hui, le reflet d'une organisation sociale de classes, par conséquent reflet d'une organisation élitiste de la société.
Il suffit de voir la plan d'architecture d'une Église pour le comprendre puisqu'elles sont toutes à peu de choses près sur le même modèle, ce que confirment les rites. La marque de cette évolution devient très sensible vers la fin du style roman, par le rajout d'absidioles, ces petites excroissances autour de l'exèdre qui manifestent l'importance grandissante du clergé dans la société qu'il faut aussi "caser" autour de l'Autel, et cette tendance se confirme dans le style gothique. La taille des bâtiments est en général liée à l'importance hiérarchique, les plus grandes constructions (basiliques, cathédrales) se retrouvant dans les évêchés, non par nécessité ou en raison des tailles des villes, car plusieurs églises auraient pu être construites, mais pour exprimer l'ossature hiérarchique de l'Eglise, c'est le cas de le dire ! Avec la papauté, celle d' Avignon ou de Rome, on atteint autant l'exploit architectural, que l'expression paroxystique de l'importance du clergé qui noyaute littéralement toute l'Europe.
L’Élite, la caste sacerdotale surtout, était rassemblée autour du chœur, l'évêque derrière le chœur, le clergé de part et d'autre sur les côtés (prêtres et moines), le bas clergé (vicaires, diacres,chantres) devant, la seigneurie et plus tard l'aristocratie derrière celui-ci, et le peuple derrière sous la nef (partie arrière de l'église), femmes à gauche, hommes à droite (ou le contraire peu importe).
Dans l'Eglise, "La ségrégation sociale s'accompagne d'une ségrégation spatiale et d'un affichage d'appartenance au groupe."
http://fr.wikipedia.org/wiki/Architecture_chr%C3%A9tienne_du_Moyen_%C3%82ge
Pat dit que l'égalité qui est une fabrication sociale, on pourrait tout aussi bien dire que l'inégalité est une fabrication sociale, ou une égalité mal fabriquée.
C'est en ce sens que quelque part cette révélation d'Arès exprime que chaque type de "Contrat social" produit jusqu'à présent, par "les hommes", sans exprimer de jugement de valeur sur l'un ou l'autre n'a pas abouti à permettre l'accomplissement de la Parole.
"Contrat social", copie à revoir ! peut mieux faire ... dirait un prof ... ou dit Dieu Le Grand Prof !
- InvitéInvité
Re: chronique ; Fraternité, liberté, égalité
- L'idée même de "contrat" n'est pas évidente quand on a pris le parti de vivre par(delà les lois. Je lui préfère celle de "convention", plus souple et moins contraignante ; nous convenons de quelque chose, nous venons ensemble à quelque chose.
- Sur l'égalité, dans mon esprit elle découle de notre fraternité, qui est Donnée et de notre devoir de fraternité, qui est à observer.
Nous sommes de fait essentiellement égaux aux Yeux de Dieu, à nous de le réaliser.
Salam.
- InvitéInvité
Re: chronique ; Fraternité, liberté, égalité
Rousseau établit que toute légitimité politique se fonde sur la communauté et la volonté générale. Ainsi, si nul n'a le droit d'aliéner au profit d'un autre sa liberté morale et civique, il est souhaitable que les hommes concluent entre eux un pacte, un contrat : l'individu renonce à une liberté absolue et se soumet aux règles dictées par l'intérêt général. En échange, la communauté garantit la sécurité de chacun et le respect des règles et des droits ainsi établis. Chacun renonce à sa "liberté naturelle" pour gagner une "liberté civile". La souveraineté populaire étant le principe fondamental du contrat social.
Il y a donc une idée consensuelle à la base.
C'est malheureusement insuffisant pour réaliser correctement cette équation, que représente la trilogie Fraternité, Liberté, Égalité- Sur l'égalité, dans mon esprit elle découle de notre fraternité, qui est Donnée et de notre devoir de fraternité, qui est à observer.
Nous sommes de fait essentiellement égaux aux Yeux de Dieu, à nous de le réaliser.
Liberté
On pourra toujours dire que c'est un problème assez secondaire puisque le mot ne figure pas ni dans l'évangile d'Arès, ni dans le Livre. Néanmoins, le mot "libre" figure 4 fois dans l'évangile.
Pour preuve que si LIBERTÉ n'est pas dit, l'idée est là, sous-jacente !Ma Parole comme un poulain agile courant vers son but, libre du harnais que lui mettent les docteurs,
Car le serpent des champs Me glorifierait-il de l’avoir fait libre, ...
celui qui n’a pas librement choisi de mettre à la voile pour rejoindre la Flotte du Roi.
L’époux non coupable sera libre, ...
De plus, si l'on revient à une autre histoire prophétique, cette notion est essentielle, puisqu'elle articule un élan "rédempteur" (c'est à dire libérateur) quand Dieu fait sortir sous la direction de Moïse les Hébreux du pays de servitude.
Il serait à mon avis aussi stupide de vouloir invalider cette équation "Liberté Égalité Fraternité", même si elle n'est pas posée dans le bon sens comme le suggère Pat dans sa Chronique, que de chercher à invalider la charia (prise au sens complexe qu'en donnent les musulmans bien sûr). Pour la simple raison qu'elle s'est forgée par bien des luttes qui toutes recherchaient une forme d'équité non seulement entre les individus, mais sociale également, formulée par les droits de l'homme ... base constitutionnelle.
J'ai trouvé cette réflexion de Jorge Majfud, écrivain uruguayen et enseignant en littérature latino-américaine très intéressante parce qu'elle tend à montrer que l'idée de Liberté s'est greffée, non pas sur l’Égalité mais sur l'inégalité elle-même, et que cette inégalité était perçue comme une condition même d'existence de la liberté.
Le faux dilemme entre la liberté et l’égalité.
Je passe la première partie, 1. Les différences que la liberté ne produit pas , qui, à partir d'un ancien Code d'Alfonse X le sage, roi de Castille et León (1252-1284), tend à montrer que "la différenciation "logique et naturelle" était non seulement de classes ; elle était aussi de sexe et de race."
2. Stratégies du faux dilemme.
Malgré toutes ces différences sociales établies par la loi et le sens commun de l’époque, le même code volumineux reconnaissait que l’esclavage est "la plus vil chose de ce monde". (IV, T 23, loi 8 ). Autrement dit, "la liberté est la chose la plus chère que l’homme peut y avoir dans ce monde" (II, T 29, Loi 1, p 226).
C’est ici où nous découvrons une des aspirations humaines les plus profondes qui, en même temps, coexistait avec une violente démonstration de force imposée par le pouvoir de classe, le pouvoir de type et le pouvoir ecclésiastique. C’est-à-dire, l’élan (et l’ideoléxique) de liberté devait coexister en promiscuité avec son élan contraire : les intérêts sectaires de classe, de type, de race. Le principe de liberté n’était pas reconnu comme un processus de libération mais devait mortellement s’accommoder des inégalités établies par la tradition qui parlait et agissait - non sans violence - au nom de la liberté.
Autrement dit, l’idée de liberté ne survivait pas par les différences sociales mais malgré ces différences. Histoire qui nous rappelle toutes les dictatures modernes, qui s’appellent dictadures, dictamoles (sic. Pinochet) ou démocraties.
Nous que comprenons nous de l’histoire des cinq dernières cents années comme la progression imparfaite mais persistante de l’élan libertaire et égalitaire de l’humanisme, nous n’acceptons pas cet élément commun qu’oppose liberté à égalité. Ces égalités ne signifient pas uniformisation, élimination des diversités, mais tout le contraire : nous sommes également différents. Les différences humaines sont des différences horizontales ; non verticales. Les différences verticales sont des différences de pouvoir. Pour notre humanisme, démocratique est synonyme d’égalitaire. C’est la violence de l’inégalité celle qui impose des uniformisations ; c’est la volonté despotique d’une des parties de l’humanité sur les autres. Et la liberté est démocratique ou c’est simplement la dictature de la liberté : la dictature de quelques hommes libres sur d’autres qui ne le sont pas autant. Parce que pour exercer toute liberté nous avons besoin d’une quote-part minimale de pouvoir ; et si ce pouvoir est mal distribué, aussi le sera la liberté.
Cette vieille discussion entre liberté et égalité assume et confirme une dichotomie qui est ensuite traduite en étendards politiques et dans des discours idéologiques : depuis deux cent ans, ses noms sont libéralisme et socialisme, droite et gauche. Les positions antagoniques se disputent le terrain sémantique de la justice sociale sans mettre en question le faux dilemme posé ; en le confirmant.
L’idéal de liberté-et- d’égalité (liberté égale) est, pour le moment, une utopie : l’anarchie. Toutefois, voyons que la même valorisation négative de cet ideoléxique - l’anarchie est automatiquement associée au chaos -, non seulement est due à une raison de survie dans une société immature, mais aussi de l’exploitation primitive du plus fort. C’est-à-dire, l’organisation verticale et autoritaire de la société aurait pu avoir comme origine une raison d’organisation pour la survie du groupe, mais ensuite a dégénéré dans une tradition oppressive. C’est le cas du patriarcat ou du militarisme. Cependant, j’ose le dire, l’histoire des derniers mille ans a été une conquête progressive de l’anarchie, avec ses réactions correspondantes et logiques des oligarchies. Elle Continuera à coûter du sang et de la douleur, mais cette vague ne s’arrêtera pas .
La société étatique a survécu en Espagne jusqu’au XVIIIème siècle et de fait, bien que pas de droit, dans les sociétés latinoaméricaines jusqu’au XXe siècle : les indigènes, les créoles déshérités, les immigrants exilés, sous la commande du corregidor, du propriétaire terrien ou de la Mining & Fruit CO, ignoraient la jouissance de la pratique du droit égalitariste au nom du devoir ou de la productivité. D’une certaine manière, le libéralisme a été une forme de socialisme - tous les deux de fait sont le produit de l’Ere Moderne et de l’humanisme - ; pour tous les deux, l’individu doit être libéré des structures traditionnelles qui organisent la société de manière verticale. L’utopie marxiste d’une société sans gouvernement et sans bureaucratie - phénomène des pays communistes qui a tant déçu le Che Guevara -, ressemble beaucoup à l’utopie libérale d’une société composée d’individus libres. La différence entre ce libéralisme et le socialisme était située dans une intériorité chrétienne : pour l’un, l’égoïsme était le moteur de progrès ; tandis que pour l’autre, l’était la solidarité, la coopération. Raison pour laquelle l’un s’est mis à faire confiance au marché et l’autre dans le progrès de la morale du "nouvel homme". La valorisation négative traditionnelle de l’égoïsme et la valeur positive de la solidarité est résolue en partie, par les nouveaux libéraux, en qualifiant l’un comme réaliste et l’autre comme ingénu. Comme réponse, les partisans de l’égalitarisme ont qualifié ce réalisme d’hypocrite et de sauvage et la prétendue ingénuité comme une valeur altruiste et humaine.
Mais la dichotomie est encore artificielle. Il suffirait de se demander : la liberté s’est elle exercée individuellement dans une société ou à travers les autres ? ; la liberté individuelle s’est exercée en collaboration ou en concurrence avec les autres ? Si la liberté de quelques uns produit de grandes différences de pouvoir, ne serait-il pas que la liberté de l’un est exercée contre la liberté de l’autre et grâce à ce raccourci ? Est-ce la même chose la liberté que le libéralisme ? Est -ce la même chose l’égalité que l’égalitarisme ? Est-ce la même chose l’individu que l’individualisme ?
Y compris en assumant qu’il y a des individus plus habiles que d’autres, pourquoi accepter que les premiers monopolisent ou accaparent des pans de pouvoir qui restreignent le pouvoir et la liberté des autres ? On assume qu’il n’y a pas de liberté dans un système qui impose l’égalité - l’égalitarisme -, mais on oublie qu’il n’y a pas non plus de liberté dans un système qui reproduit des différences qui seulement candidement peuvent être attribuées à l’"expression naturelle" des différentes habilités individuelles. Comme si quelqu’un ne savait pas que pour être un oppresseur, un exploitant ou un tyran, une grande intelligence n’est pas nécessaire ni de grandes valeurs morales : il suffit d’une ambition débordée, une cruauté inhumaine et une hypocrisie légitimée par quelque autre théorie conçue sur mesure pour le pouvoir du jour. Et quand l’opprimé ne collaborera pas, il suffit de la force anéantissante de la machine de militaire.
L’humanisme doit faire face à cette contradiction apparente sans contradiction : la recherche de liberté est seulement possible à travers une égalité progressive, de la même manière que la recherche d’égalité doit être donnée dans une libération progressive de l’humanité. Ce n’est ne pas bon d’annuler ou de retarder l’une au nom de l’autre.
Jorge Majfud
The University of Georgia, 30 mars 2007.
http://www.elcorreo.eu.org/?Le-faux-dilemme-entre-la-liberte
Ma conclusion (provisoire of course) est que c'est la notion "d'élites" (hiérarchie sociale) qui doit disparaître ... car quand bien même monarchies, noblesse, pouvoirs religieux sont derrière nous, ils tendent à se reconstituer sous d'autres formes, institutionnelles, oligarchiques ...
Pour paraphraser Coluche, il y a des citoyens plus égaux que d'autres.
- InvitéInvité
Re: chronique ; Fraternité, liberté, égalité
J'avais bien en tête Rousseau... Je pense que son approche est caduque et qu'une société libre n'aura pas à soumettre qui que ce soit à quoi que ce soit, fut-ce à un contrat.
C'est pourquoi cette idée de contrat social ne me semble pas avoir d'avenir, alors que celle de convention, plus fluide et plus évolutive oui.
- InvitéInvité
Re: chronique ; Fraternité, liberté, égalité
Ce qui rend peut-être caduque cette approche, c'est qu'on la rattache à une "société", ce qui entend implicitement une adhésion ou une allégeance collective, qui était faite au roi par serments de ses sujets, à l'Etat-nation par Constitution ... qui ont toujours plus ou moins incarné ce rapport d'inégalité, de pouvoir de castes ou d'élites. Une société n'est pas une "personne", la spiritualité ne fait pas partie de ses attributs.Amine a écrit:Salam.
J'avais bien en tête Rousseau... Je pense que son approche est caduque et qu'une société libre n'aura pas à soumettre qui que ce soit à quoi que ce soit, fut-ce à un contrat.
C'est pourquoi cette idée de contrat social ne me semble pas avoir d'avenir, alors que celle de convention, plus fluide et plus évolutive oui.
Au plan spirituel, on ne peut pas avoir des réactions de troupeaux. On dit que l'union fait la force, mais c'est ça le problème car la force est justement anti-spirituelle puisqu'il faut lui préférer l'intelligence spirituelle.
L'inconvénient d'un "Contrat" est qu'il fige "juridiquement" des conventions, qui pour être vraies et justes un jour, s'avéreront inutiles, obsolètes, voire injustes même plus tard.
Je suis complétement d'accord, ça manque de fluidité, de possibilités évolutives, adaptatives ...
Le concept d’Équité tel que décrit dans l'évangile d'Arès permet peut-être de sortir de cette impasse (?).
"... tu aideras l’opprimé contre l’oppresseur, le spolié contre le spoliateur ; avec tes frères des steppes, ceux qui ne prononcent pas Mon Nom, tu établiras l’équité." (28/10)
J'en déduis que l'on n'est pas d'un camp ou d'un autre, par allégeance politique ou religieuse. Ce qui importe, c'est l'idée de Justice.
Et comme il n'y a pas de fraternité possible dans la dépendance et l'obéissance, nous devrons inventer des sociétés libres.
Pour inventer des sociétés libres, il faut que celles-ci soient composées d'individus libres, et non pas d'individus inféodés d'office par traditions, par crédos, par serments, à ... un étendard, quel qu'il soit.
Les opprimés d'hier sont parfois devenus les oppresseurs d'aujourd'hui. Je peux être (un peu par la force des choses) d'un camp (mettons français puisque j'ai cette nationalité), et m'opposer à sa politique. Mon état de français n'emporte pas l'allégeance automatique ... j'ai tout de même ma Liberté de conscience !
Un exemple historique flagrant qui a illustré cette dynamique attitude spirituelle a été la guerre d'Espagne (1936-37). De nombreux républicains de tas de pays d'Europe étaient venus "naturellement", sans mot d'ordre de quiconque, aider les espagnols face à la montée du totalitarisme ...
http://www.amazon.fr/Hommage-Catalogne-1936-1937-George-Orwell/dp/2264030380
Si un jour les opprimés que j'aurais aidés, devenaient oppresseurs, je changerais de "camp", et m'opposerais à ceux que j'aidais hier, c'est aussi simple que cela ... Il n'y aurait nulle trahison au plan spirituel, car c'est le souci de "l'équilibre" qui devrait prédominer.
Quelquefois, les nations l'ont fait. Par exemple, la Russie, l'Algérie, ... ont soutenu Cuba contre les USA qui était incontestablement leur "oppresseur", et qui l'est toujours très ouvertement après plus de 50 ans.
L'indiscipline * doit l'emporter sur les Traités entre les Nations si l'on veut que les peuples gardent la main sur leurs destins. Je pressens dans le "mouvement des indignés" quelque chose de cet ordre.
Les Nations se croient parfois investies d'un blanc-seing sur des questions qu'elles ne nous posent même pas, alors qu'on ne leur a jamais donné. Nous sommes encore en dictature politique, même si elle s'appelle démocratie.
"les dictatures modernes, qui s’appellent dictadures, dictamoles (sic. Pinochet) ou démocraties."
Jorge Majfud
* discipline dérive de "disciple", et Maître. Un seul Maître ...
Je dis indiscipline en référence à l'essai de Henry David Thoreau publié en 1849 "Désobéir".
- pat
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Re: chronique ; Fraternité, liberté, égalité
Je ne vois pas comment une société pourrait aujourd'hui vivre sans contrat ou sans convention ou sans règlement.
La liberté ne consiste pas à prendre si on en a envie, l'autoroute en sens inverse, pas plus qu'à puiser dans le portefeuille de son voisin.
Tous nos actes sont régis par des contrats que nous passons les uns avec les autres pour mieux vivre. Même le mariage est assorti d'un contrat qui n'a rien à voir avec l'amour que se porte les époux mais qui a à voir avec la gestion de leur vie (financière, responsabilité, solidarité, séparation, décès...).
Si les Hommes étaient tous de parfaits humanistes, généreux, justes, de bonne foi, pas menteurs, il n'y aurait aucune nécessité de ces contrats.
Mais ce n'est pas le cas pour le moment.
Ce serait, cependant, une erreur et suicidaire de croire que les Hommes sont prêts pour ce genre d'aventure quand on voit de quoi ils sont capables quand pour une raison ou pour une autre, le chaos s'installe dans une partie du monde.
Car vous ne semblez pas considérer qu'il y a encore des femmes qui sont abandonnés avec des enfants qu'elles n'ont pas faits toutes seules.
Il y a encore de jeunes enfants et des vieillards qui sont maltraités par des personnes qui devraient les respecter.
Il y a encore des personnes qui ne tiennent aucune parole donnée et qui profite même du répit que cela leur donne pour voler un peu plus leurs partenaire.
Bref, il y a des gens qui adhèrent facilement à l'idée qu'ils sont responsables de leurs actes voire un peu davantage et d'autres qui ne se comportent qu'en prédateurs.
Il faut tendre vers une société spiritualisée ...
Bien sûr que l'idéal serait une société spiritualisée qui n'ait plus besoin de contrat, de convention et d'autorité pour faire respecter la parole donnée et c'est vers cela qu'il faut tendre.
Mais dans un premier temps, il est déjà considérable d'essayer de responsabiliser suffisamment les personnes pour que les contrats perdant leur coté obligatoire deviennent un réflexe sociétal de bonne conduite.
L'urgence est donc que petit à petit nous prenions la mesure de notre pouvoir et du même coup de nos responsabilités, afin de faire disparaitre la nécessité de tout contrat.
L'affirmation de grands principes ne débouche pas forcément sur une action efficace ...
La liberté n'est pas dans les grands principes même si ça ne mange pas de pain d'en avoir. La liberté est la conséquence d'un comportement qu'il ne faut pas cesser de s'encourager à avoir et qui est dans les premières phrases de ma chronique :Ai-je renoncé à être le chef de quelqu'un ?
La fraternité, la liberté, l'égalité, sont des mots qui doivent être mis en action.
Quand j'aurai, quand un grand nombre aura renoncé à être le chef d'un autre, alors la liberté aura existentiellement un effet.
Alors l'égalité basée sur un autre principe que l'égalitarisme pourra aussi voir le jour.
Si la fraternité n'a été qu'un vœu pieux jusqu'à maintenant malgré les encouragements des religions et des humanismes, c'est que dans une société ou s'exerce trop fortement l'autorité politique, religieuse, marchande, il n'y a aucune chance de voir la fraternité se développer.
C'est ainsi que la Révélation d'Arès a des mots très durs vis à vis des chefs religieux et politiques (roi blancs et rois noirs)
Il faut donc faire comprendre au grand nombre que la liberté et la fraternité ne sont pas des options religieuses....
Ma chronique insistait donc surtout sur sur le fait qu'il n'y aura pas, à brève échéance de vie en commun possible, sans fraternité.
Et notre évolution ne nous permet plus aujourd'hui de limiter cette fraternité à un devoir de croyant. Je crois qu'il en va de notre survie de donner à ce concept sa dimension de loi universelle comme le fait notre république
Le Dieu unique n'introduit pas davantage l'idée de fraternité que le polythéisme, même si, en effet, le monothéisme a insisté sur cette évidence d'un Père commun. Cependant aucune religion n'est arrivée à rendre cette fraternité opérante sur un plan sociétal. On ne peut pas dire, non plus que l'athéisme qui est une notion récente dans l'histoire de l'humanité, a été la cause de cet échec.
Pour moi comme je le dis plus haut la cause est dans notre organisation sociale qui privilégie presque partout la force au détriment de tout le reste.
La fraternité n'est lié ni à la foi ni aux dogmes ni aux idéologies, elle est liée à la prise de conscience d'une nécessaire solidarité pour que la vie puisse tout simplement durer. On aurait du le comprendre depuis l'origine au regard de notre dépendance les uns vis à vis des autres, ne serait ce que par rapport au petit enfant que nous avons tous été.
Il n'en a pas été ainsi et l'Homme a choisi la voie de la dépendance et de la mise en compétition des Hommes entre eux. Le contraire de la fraternité qui est la mise en lien.
Mais aujourd'hui, c'est la nécessité, vu l'accélération de nos difficultés contemporaines, qui va nous conduire à l'amour fraternel fait, certes d'amour, mais aussi de solidarité, de bienveillance, de compassion, d'équité ( je suis d'accord)) et de liberté.
Et la filiation évidente qui relie chaque enfant de Dieu et qui en fait des frères, va s'étendre à l'ensemble des humains croyants ou pas, du fait que leur survie est en jeu. Il ne s'agira plus de devoir ou de bienveillance mais simplement d'intérêt.
Ainsi nous sommes dans la nécessité d'introduire cette fraternité à l'état de concept universelle sous peine de disparaître, mais en même temps il faudra avoir digéré spirituellement ce qu'est la liberté.
Le plan de Dieu n'est plus entre les seules mains des religions.
- InvitéInvité
Re: chronique ; Fraternité, liberté, égalité
Je suis d'accord que pour l'heure l'humanité ne sait vivre sans contrats, chefs, règlements et gendarmes.
Ce qui m'intéresse est qu'elle a cependant en elle, en chacun de nous, les ressources pour dépasser cet état.
Développer des relations non contractuelles est une des voies pour ce faire, du moins lorsque la société n'oblige pas à contracter.
Ainsi le mariage ne se fait pas nécessairement lié à un contrat, que ce soit en France ou dans un pays musulman.
Il est bon d'apprendre à vivre sans se soumettre à des lois, ce qui est praticable au sein d'espaces comme les assemblées.
C'est ainsi que l'on tend et tendra concrètement vers une société spiritualisée.
Je pense que c'est un des enjeux majeurs des assemblées annoncées dans le texte d'Arès.
- pat
- Messages : 1898
Date d'inscription : 31/07/2007
Re: chronique ; Fraternité, liberté, égalité
Oui,
elle a cependant en elle, en chacun de nous, les ressources pour dépasser cet état.
- InvitéInvité
Re: chronique ; Fraternité, liberté, égalité
Cela se retrouve tant dans les relations de couple, de voisinage, d'associations...
A l'inverse, lorsque le souci d'équité, de justice, de bonté, bref toutes les variations du devoir de fraternité sont priorisés par les consciences, on laisse à la vie l'étendue nécessaire pour trouver des solutions, des adaptations, parce que la vie est toujours plus vaste et inventive que toute réglementation.
Salam.
- InvitéInvité
Re: chronique ; Fraternité, liberté, égalité
Je partage tout à fait cette dynamique spirituelle, comme je suis d'accord avec Pat pour dire que Une société sans contrat n'est pas envisageable pour le moment …Amine a écrit:Je suis d'accord que pour l'heure l'humanité ne sait vivre sans contrats, chefs, règlements et gendarmes.
Ce qui m'intéresse est qu'elle a cependant en elle, en chacun de nous, les ressources pour dépasser cet état.
Développer des relations non contractuelles est une des voies pour ce faire, du moins lorsque la société n'oblige pas à contracter.
...
Il est bon d'apprendre à vivre sans se soumettre à des lois, ce qui est praticable au sein d'espaces comme les assemblées.
C'est ainsi que l'on tend et tendra concrètement vers une société spiritualisée.
Je pense que c'est un des enjeux majeurs des assemblées annoncées dans le texte d'Arès.
Plutôt que de voir dans la politique un obstacle à la vie spirituelle, il faudrait envisager d'en faire un art, un art de vivre ensemble, un art des relations entre "assemblées", dans lesquelles on peut inclure au sens large les nations (avec leurs "minorités culturelles")
Dans l'état actuel du monde, il me semble un peu prématuré de ne pas faire sans cette composante politique, qui toute imparfaite qu'elle soit, régit quand même la vie intérieure des nations, et les relations extérieures.
Si la politique est « ce qui a trait au gouvernement des sociétés », le politique (ou la chose politique) nous implique tous, car c'est l'art de vivre dans la cité (polis en grec). Chacun peut à sa mesure, apporter son grain de sel dans ce savoir vivre ensemble, lequel finira par se refléter de manière plus générale.
Comme le dit Jorge Majfud *, il est très apparent qu'il s'est produit un mouvement de fond, semble-t-il inexorable, (que Dieu accompagne sûrement je pense) qui va dans le sens de la Liberté, une liberté d'intelligence spirituelle qui conciliera égalité et différences. Singularité de chaque être, différence incontournable que nous devons au Créateur, qui désavoue de fait dans son plan créateur, toute idée d'égalitarisme, et d'uniformisation. Prenons donc un peu garde aux académismes, autres manières de mettre en traditions des pensées, qu'elles soient artistiques, philosophiques, théosophiques ...
* "l’histoire des cinq dernières cents années comme la progression imparfaite mais persistante de l’élan libertaire et égalitaire de l’humanisme, nous n’acceptons pas cet élément commun qu’oppose liberté à égalité."
*
Même si par certains aspects ce monde est fort trouble, je ne désespère pas du tout de son évolution.
A nous de savoir en cerner les obstacles, en raisonnant ensemble, car il semblerait qu'à divers degrés les sociétés ont les mêmes travers. Avec l'aide de la Parole, ce qui ne veut pas dire qu'elle soit la solution toute faite, prête à l'emploi, et que nous n'ayons aucun effort à fournir, ni concessions à consentir.
J'adhère assez bien à son observation:
L’organisation verticale et autoritaire de la société aurait pu avoir comme origine une raison d’organisation pour la survie du groupe, mais ensuite a dégénéré dans une tradition oppressive. C’est le cas du patriarcat ou du militarisme. Cependant, j’ose le dire, l’histoire des derniers mille ans a été une conquête progressive de l’anarchie, avec ses réactions correspondantes et logiques des oligarchies. Elle Continuera à coûter du sang et de la douleur, mais cette vague ne s’arrêtera pas .
Le tout étant d'évoluer, en bonne intelligence, dans la paix, et qu'elle n'est pas à coûter de sang. Je comprends les 3 ou 4 générations dont parle l'évangile d'Arès comme étant le temps nécessaire pour que cette évolution se fasse paisiblement. Ce qui importe, c'est la direction à suivre.
Si la nécessité tribale a eu ses raisons d'être, au moins celles de faire éclore des consciences collectives singulières (juive, chrétienne, musulmane ...), et donc "des fraternités", il importe je pense désormais de les lier ensemble pour, comme dit Pat, arriver à cette évidence qu'il n'y aura pas, à brève échéance de vie en commun possible, sans fraternité.
L'idée de Fraternité devrait être aux peuples ce que la Oumma est aux sociétés musulmanes (car le monde musulman est loin d'être monolithique). Encore faut-il envisager de dépasser un peu à la fois le cadre identitaire de la nation, ce qui n'ôte rien à l'identité. De part et d'autres des frontières, il n'y a que des "frères".
D'après mes observations, l'opposition entre religions a été et est encore un obstacle à cette dynamique. La révélation d'Arès vient nous aider à remédier à ces incompréhensions ..., bien que les prémisses de cette dynamique nous avaient été donnés, en dehors des options religieuses.... par les courants de pensées humanistes, internationalistes qui continuent aujourd'hui leurs œuvres fraternelles.